Royaliste … pour le Roi ?
« C’est un peu court jeune-homme » (« Cyrano de Bergerac » E. Rostand)
Ce texte est l’essentiel du petit laïus que je prononçais le 2 octobre 2024 devant les royalistes de Saint-Charlemagne. La réunion qui se déroulait quelque-part en Velay, se clôturait en fin de soirée par une monumentale choucroute, bien arrosée. Le décor était exceptionnel : nous étions cernés par une multitude d’objets à l’effigie de sainte Jeanne d’Arc et du maréchal Philippe Pétain. Lorsque nous nous séparâmes, nous avions redéfini notre axe de pensée et notre mode d’action, tout en renforçant nos liens d’amitié entre nous.
- Illustration : Alban Guillemois
Nous sommes peu nombreux.
C’est vrai, nous ne sommes qu’un petit cercle de royalistes, déterminés mais peu nombreux. En face, notre nation court à sa ruine : haine anti-chrétienne, apostasies en cascade, les invertis aux commandes de l’État, sorciers organisant les parodies sataniques de nos vénérables processions catholiques etc.
Face à cette infection, il serait facile de céder au découragement.
N’oublions jamais ceci :
Nous sommes dans le camp du Vainqueur.
Dieu se moque bien du nombre de Ses soldats, lorsqu’Il manifeste Sa puissance : Jésus dormait dans la barque, mais il était dans la barque… « La victoire à la guerre n’est pas dans la multitude des combattants, c’est du Ciel que vient la force. » (I-Maccabées : III,19) Jésus a clairement promis la victoire finale aux chrétiens. Enfin, les révolutions sont toujours l’œuvre d’une petite poignée de gens inaccessibles au découragement.
Pour nous encourager à tenir ferme dans le vent mauvais, nous avons la bénédiction d’un pape ! Pie IX, le grand auteur antilibéral du « Syllabus » 1 écrivait : « Je bénis tous ceux qui coopèrent à la résurrection de la France ; je les bénis dans le but, laissez-moi vous le dire, de les voir s’occuper d’une œuvre bien difficile, mais bien nécessaire qui consiste à faire disparaître ou à diminuer une plaie horrible qui afflige la société contemporaine, et qu’on appelle le suffrage universel. »
La bénédiction d’un pape, quand il est pleinement catholique comme Pie IX, franchit les siècles pour arriver jusqu’à nous. Si le pape saint Pie V bénissait la Sainte Messe tridentine comme il le fit, ce n’était pas uniquement pour le XVIème siècle. Notre combat, qui milite pour la résurrection de la France, obtient donc, sur le champ, cette bénédiction.
Pour être bénie, notre lutte doit combattre l’idéologie démocrate. Je reviens sur les paroles du pape : « (…) faire disparaître ou à diminuer (…) le suffrage universel. » Nous devons mener une lutte contre tout ce qui sent son démocrate.
Vous comprenez alors que nous sommes concernés par la position du nationalisme français qui se pose en ennemi irréductible de la démocratie. C’est un aspect qu’un royaliste ne doit pas négliger. A ce sujet nous recommandons chaudement le livre qui fit comprendre à un ami royaliste toute l’importance et l’enjeu du pari nationaliste, j’en ai été témoin : « Le Procès de la Démocratie » de Jean Haupt ré-édité chez Chiré 2.
« Dieu, la France et le Roi »
Devons-nous uniquement œuvrer pour le roi, c’est à dire pour le rétablissement d’une Famille à la tête de l’État ? Ce serait un peu court. Lorsque Louis XVIII puis Charles X accédaient au trône de leur malheureux frère Louis XVI à compter de 1814, cela ne mit pas fin aux sourdes persécutions anti-religieuses et un grand nombre de vétérans des guerres chouannes n’ont pas été honorés comme il l’aurait fallu, alors que dans le même temps d’anciens régicides obtenaient des postes !
La devise du Cercle Saint-Charlemagne est carliste, « Dios, Patria, Rey y Fueros ». Le Roi vient après la Patrie terrestre. Lorsque les vendéens espagnols de Don Carlos prirent les armes contre le régime libéral 3 de l’usurpatrice Isabelle, ils le firent pour Dieu d’abord, pour l’Espagne ensuite, comme le général Franco en 1936. Ce doit donc être notre attitude : pour Dieu d’abord, pour la France ensuite, pour le Roi enfin.
Une fois que nous aurons un roi légitime antilibéral, nous nous effacerons, mais dans l’intervalle, c’est à nous de faire le travail, car le Roi est absent. Parce-que nous sommes catholiques par la grâce de Dieu, nous sommes royalistes. Parce-que nous sommes royalistes, nous voilà nationalistes. Le mot ne nous fait pas peur, alors qu’il semble effrayer, les royalistes qui paraissent encore manifester un reste d’attachement à la démocratie.
Nous sommes enfin nationaux-catholiques, comme la connétable sainte Jehanne d’Arc qui bouta l’Anglois hors de France, comme le chef Sidos 4. Le nationalisme est la seule force politique qui, malgré les persécutions, est capable de mettre enfin un terme au pouvoir maçonnique en France.
- Le Syllabus (1864) est la grande encyclique de Pie IX formant un recueil de 80 thèses modernistes fermement condamnées par la Sainte Eglise. ↩︎
- Un des livres étudié en cercle d’étude au Cercle Saint-Charlemagne (éditions DPF à Chiré-en-Montreuil). Prix : 20 euros. Pour le commander : www.chire.fr ↩︎
- au sens religieux. « Le libéralisme est un péché » est un livre de l’auteur carliste Don Félix Sarda Y Salvany. ↩︎
- Pierre Sidos (1927-2020) issu d’une famille mise au service de la France, dont plusieurs membres sont morts pour elle. fut le fondateur du mouvement L’Œuvre Française. ↩︎