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Les vrais-faux Entretiens d’Hector

Discussion entre Hector de Sainte-Hermine et un autre client, attablés au « Café du Commerce ». Le style parlé a été conservé.

Je viens de découvrir votre site internet. Je cherchais une fabrique de couteaux …
 
Ah, « Lame de France » oui …
 

Par hasard, je suis tombé sur votre site, Hector, ce que je ne regrette pas.
 
Je vous remercie, monsieur.
 
Si je comprends bien, vous êtes pour une monarchie de droit divin ?
 
Comment ne peut-on pas être d’accord avec les paroles prophétiques de saint Remy ? « Apprenez mon fils, que le Royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l’Église romaine qui est la seule véritable Église du Christ. Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes. Il durera jusqu’à la fin des temps. » Il enseignait le roi Clovis.
 
Vous êtes donc pour une monarchie absolue ?
 
Oui à condition de ne pas confondre monarchie absolue et tyrannie. Pas d’amalgame. Le roi est destiné par Dieu à régner. Son autorité ne relève que de Lui, Dieu, et du Pape qui est son Vicaire. En ce sens, l’autorité royale est absolue. « Dieu est Dieu, et le roi est le roi. » écrit Jean Raspail dans « Sire ».
 
La royauté dont vous rêvez ne sera donc ouverte qu’aux seuls royalistes ?
 
(Sourire) La population ne sera pas très nombreuse. Je vous demande encore de ne pas pratiquer d’amalgame. Le roi n’est pas le souverain des seuls royalistes ni des seuls catholiques. Le roi est un rassembleur et non un diviseur. A la veille de monter sur l’échafaud, Louis XVI demandait à son fils le dauphin Charles-Louis, futur Louis XVII, de ne point chercher à le venger après sa mort.
 
Et pour les non catholiques ?
 
Les confessions religieuses du royaume seront acceptées à condition de reconnaître la primauté de la Religion catholique, laquelle devra redevenir la Religion de l’État.    
 
Dites-moi, votre roi sera-t-il assez moderne pour accepter le drapeau tricolore ?
 
Selon vous, être « moderne » c’est accepter le drapeau tricolore ? Les troupes blabla-rouges de Louis-Philippe ont enfermé la duchesse de Berry, la mère du futur comte de Chambord, à la forteresse de Blaye en 1832. Le duc d’Enghien a été frappé par les balles d’un peloton blabla-rouge… Beaux exemples de modernité, n’est-ce pas ? Si cela ne suffit pas, j’ai d’autres exemples… Les trois couleurs, ainsi disposées sur le drapeau national, étaient celles du prince régicide Philippe-Egalité d’Orléans. La tradition royale refuse un tel drapeau ! Au moment où l’unité des royalistes manqua, de peu, de se faire sous l’autorité morale du comte de Chambord, petit-fils de Charles X, lequel comte de Chambord était pressenti pour être sacré Roi, les princes d’Orléans lui demandaient d’accepter le drapeau tricolore. Voilà ce que répondit le comte à ses cousins : « Je ne laisserai pas arracher de mes mains l’étendard d’Henri IV, de François Ier et de sainte Jeanne d’Arc ! Il a flotté sur mon berceau. Je veux qu’il ombrage ma tombe. »
 
Pouvez-vous définir en quelques mots la royauté que vous désirez ?
 
Monarchie héréditaire, traditionnelle, antiparlementaire et décentralisée. Ce n’est pas ma définition, mais celle de Charles Maurras, des Rois Carlistes d’Espagne et des princes régnants de la Famille de France, de Clovis à Louis XVI. 
 
 
Vous avez peur de la république ?
 
J’ai peur de la République. Oui, parce que ce régime, depuis 1793 a souvent fait la preuve de son inhumanité. Je dirais ensuite que la République a peur des royalistes. Il est évident que les renseignements généraux savent exactement le nombre de contre-révolutionnaires actifs en France. C’est leur métier de le savoir. Le développement des techniques de télécommunication, aidé par l’essor de l’I.A les y aide prodigieusement. Les policiers du renseignement savent que le nombre de royalistes en France ne doit dépasser la barre des 1 % de la population, soit à peine plus de 600 à 700 personnes fichées. Cependant ces policiers savent très bien que les révolutions, ou les contre-révolutions, sont toujours l’œuvre de minorités. Les fameux Compagnons de Jéhu 1 qui firent trembler le Premier Consulat n’étaient que quelques dizaines, idem pour les chouans de Cadoudal qui menacèrent le même Bonaparte. C’est pourquoi la république, même de nos jours, sévit toujours sévèrement contre les partisans de la Contre-Révolution, qu’elle soit royaliste ou nationaliste. L’ampleur des moyens déployés est toujours proportionnelle à la crainte inspirée.
Il y a trente-six ans de cela, en marge des commémorations officielles du « Bisangtenaire » de la Révolution, une escouade de la brigade anti-criminelle et du service anti-terroriste faisaient une descente aux domiciles de militants royalistes. Que s’était-il donc passé ? Un monarchiste avait-il tenté de tirer sur ce décoré de la Francisque devenu Président de la République, le socialiste François Mitterrand 2 ? Non. Le 6 janvier 1989 une quinzaine de Camelots du Roi (Action-Française) avaient seulement fait irruption au Théâtre des Bouffes du Nord, interrompant « La Républicaine » le récital de l’artiste socialiste Hélène Delavault. La presse a écrit que le théâtre avait été « attaqué » et on imagine le pire pour la malheureuse artiste. A-t-elle été blessée à la fourchette ou au couteau, à la cuillère à pot ? 3 Non. Elle a simplement été remaquillée…au bleu de méthylène ! En répression de cette blague de potache, puisque le bleu de méthylène n’est pas toxique, seize personnes étaient arrachées hors de chez elle et placées en garde à vue.
Quand on marche sur le pied d’un républicain influent, artiste, député, celui-ci crie « La République est en danger ! » et trois cars de CRS arrivent. C’est leur manière de faire. Alors oui, la république me fait peur et, dans le même temps, je fais peur à la Gueuse tant que je respirerai, penserai…  Allez vive Dieu, la France et le Roi !


  1. Certains ont été jugés en 1799 en la Chapelle de la Visitation du Puy-en-Velay transformée en tribunal révolutionnaire. Récemment cette chapelle a été restaurée par la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et rendue au culte catholique. ↩︎
  2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mitterrand ↩︎
  3. La cuillère à pot pouvait être soit cet ancêtre de notre louche moderne, destinée au service de la soupe. C’est aussi le nom donné à un ancien sabre d’abordage, muni d’une protection pour la main en forme de coquille, fixé à hauteur de la fusée (poignée). ↩︎

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