La Sainte Église face à la guerre – I

« Je suis chevalier. Tel je vivrai, tel je mourrai, s’il plaît au Très-Haut. Je marche dans l’étroit sentier de la Chevalerie errante, méprisant les richesses mais non pas l’honneur. J’ai vengé des injures, j’ai redressé des torts, j’ai châtié des insolences. Je n’ai pas d’intention qui ne soit droite, et je ne songe qu’à faire du bien à tout le monde. Un homme qui pense, un homme qui agit de la sorte, mérite-t-il d’être traité de fou ? »

On a du mal à imaginer que ces considérations sublimes puissent être celle de Don Quichotte ! En effet, ce ne sont pas les paroles d’un fou, mais celles d’un chevalier. Effectivement vous venez de lire un très court extrait du « Don Quichotte de la Mancha » de Cervantes. Ce ne sont pas les paroles d’un clown dans son armure blanche. Ce sont les paroles gravées dans le marbre de l’héroïsme le plus haut. Pour parler aussi bellement de la Chevalerie et, quoique Don Quichotte soit quelque-peu excentrique, il aura fallu que son père, Cervantes soit quelque-peu chevalier. Effectivement Miguel de Cervantes a eu la guerre pour métier 1. La guerre, dites-vous ? Mais le chevalier aurait-il des ennemis ?
 
 Il est étrange que, par un singulier aveuglement de son intelligence, l’homme du XXIème siècle pense ne pas avoir d’ennemis. Certes, il voit bien à la télévision, cette flambée de sadisme qui a cours partout : depuis la simple insulte en pleine rue pour un refus de donner une cigarette, jusqu’à la bombe déposée dans un lieu public. Ce fonctionnaire qui est égorgé par un élève musulman. Ce vieillard tabassé pour rien et en plein jour, etc. Mais cela semble n’arriver qu’aux autres.
Cependant, nos contemporains, hypnotisés par leurs télévisions, ne croient pas, au fond d’eux, avoir des ennemis. Dites, au contraire, que nous avons des ennemis et vous serez suspect de paranoïa : « Bôf c’est du complotisme »… On pourra vous enfermer : les menottes de la police ou de la gendarmerie pour le commerçant qui aura voulu « se faire justice lui-même », traduisez, défendre sa vie et son commerce… Si vous collez des affiches pour qu’on n’oublie pas tel adolescent massacré par des étrangers en situations irrégulières, on vous arrêtera et on criera à la « haine de l’autre ».
     Au fond d’elle-même, cette société d’hypnotisés, qui fut jadis une nation de guerriers francs, ne croit pas sincèrement avoir d’ennemi : un ennemi, ça se traque.
Dans le cas de ce Français de souche tués par « l’autre » en fuite, on le laissera courir et on encouragera le malheureux père à allumer une bougie… Précisons que cette société d’hypnotisés n’a qu’un ennemi : le Catholique intégriste, le Français patriote, le facho… Pour le cas où l’assassin entrerait dans cette catégorie, et où la victime serait de couleur comme on dit, ou simplement allogène, la traque, la chasse à l’homme aurait été engagée…
Je referme cette parenthèse. Ainsi, cette société d’hypnotisés ne croit pas sincèrement avoir d’ennemi, sinon le Français non renié. Cette hypnose collective s’applique aussi à cette société surnaturelle qui se nomme la Sainte Église Catholique Apostolique et Romaine. Elle ne se trouve pas d’ennemi, sinon le Catholique non renié, le Catholique traditionaliste, celui qui ne plie (le genou) que devant Dieu.

« Vous voyez des ennemis partout… »

On constate pourtant que, « partout », l’Église est continuellement menacée par ceux qui, de Robespierre au « Petit Père » Combes, n’ont jamais cessé de vouloir sa mort.

« Pour protéger la religion et contraindre ceux qui s’y opposent, il est légitime de recourir à la force physique. » Cardinal BILLOT (« Quaestiones en Heptateuchum »

Les ennemis de la Foi font toujours le siège de la Cité de Dieu. La Croisade le démontre. Mais pour l’admettre, il faut faire tomber de nos yeux les vapeurs envoyées jadis par les philosophes des Lumières, et celles avec lesquelles leurs héritiers gauchistes et catholiques libéraux ne cessent
de nous enfumer ! Faut-il, pour rester chrétien, laisser tuer la veuve et l’orphelin ?. Si nous ne nous battons plus, la Chevalerie doit être reléguée dans les musées. J’ai donc trouvé amusant de tout résumer dans une petite fable. Les noms indiqués sont pure fiction.

Monsieur l’Abbé vient déjeuner.

Modeste Leralier est un tradi qui fréquente en général la Messe de l’Indult. Pour lui, l’élection de Léon XIV est une bonne chose.
« C’est vrai que notre nouveau pape n’a pas été ordonné prêtre par Mgr Lefebvre, mais ça n’en fait pas un mauvais pape pour autant ! Et puis il porte la mitre, comme Léon XIII ! …»
Une fois par mois, il se rend « chez les lefebvristes » … Depuis peu, il prend même l’habitude d’inviter régulièrement le prieur de la « Chapelle Saint-Padre-Pio » à sa table, de préférence le dimanche après la Messe. C’est lors d’un de ces repas dominicaux que cela se passa… Entre la poire et le fromage, alors que Mme Leralier regagnait la cuisine, emportant les assiettes, son mari fixe intensément son invité et commence : 
 
«   Monsieur l’Abbé, j’avoue que je fus assez surpris à la Messe. » Le prieur réprime un sourire…
 
« – Ah tiens ? Et pourquoi ? » Modeste Leralier enquille un premier missile :
 
« – Franchement, je pense que la présence de ces néo-Templiers dans la chapelle a du scandaliser tous vos fidèles ! » L’abbé s’essuie lentement la bouche avec sa serviette et répond :
 
« – Vous êtes libre de penser, cher monsieur, qu’il s’agit d’un scandale. Il existe des scandales bien plus grands, par exemple lorsque certains excellents fidèles préfèrent aller chez les…ralliés… pour la Messe dominicale ou, pire, la voir à la télévision. » Le prieur regarde son hôte, qui regarde ailleurs. « À la fin de la Messe je n’eus que des félicitations, pour avoir fait encadrer le dais de procession par l’Ordre des Chevaliers de Saint-Michel. Leur tenue impeccable et leur recueillement ont conquis, apparemment tout le monde.
 
–    Avouez que cela peut surprendre : les membres d’une reconstitution historique médiévale à la Messe traditionnelle…
 
–    Ce ne sont pas des néo-Templiers, comme vous le prétendez et il ne s’agit pas d’une reconstitution historique. Apparemment vous n’avez pas lu la feuille des annonces de la chapelle… Il s’agit de vrais chevaliers qui ont professé des vœux privés, comme l’indique leur manteau blanc…
 
–    Pardon Monsieur l’Abbé, mais on se croirait revenu au temps des croisades ! Et on sait quel genre d’hommes étaient les croisés…
 
–    Vous parlez bien légèrement de la Croisade, cette institution d’Église…
 
–    Se battre pour reprendre Jérusalem ! Aujourd’hui cela passerait pour du fanatisme…
 
–    Vous avez peut-être raison. Nous ne sommes plus capables d’aller au bout du monde, nous faire tuer sur les lieux mêmes sanctifiés par le Sang du Christ…
 
–    Monsieur l’Abbé, les chevaliers vivaient au Moyen-Age !
 
–    Pensez-vous que, l’état de vie des chevaliers d’aujourd’hui serait alors médiéval ? Vous n’ignorez pas que la Sainte Messe à laquelle vous assistez, parfois, a été codifiée par saint Pie V au XVIème siècle.
 
–    Mais un chevalier, ça va à cheval…
 
–    Les chevaliers de Malte et les chevaliers du Saint-Sépulcre circulent-ils à cheval de nos jours ? Voyons, soyez sérieux cinq minutes. » Mme Leralier revient avec le café, ce qui réconcilie tout le monde.
 
A SUIVRE

  1. Miguel de Cervantes de Saavedra (1547-1616) l’auteur du « Don Quichotte » qui était un romancier espagnol a d’abord commencé par être un militaire valeureux. En 1571 il est de la fameuse victoire des forces de l’armada navale chrétienne sur la flotte turque à Lépante. Lors d’un assaut, sa main gauche est tranchée. Il avait 24 ans. On le surnommera, respectueusement, le « glorieux manchot de Lépante ». Au cours de l’année 1605, il sa lance dans la rédaction de ce qui sera son chef-d’œuvre, « El ingenioso Hidalgo, Don Quijote de la Mancha » soit « Don Quichotte de la Mancha le chevalier ingénieux » un livre qui sera traduit dans plus de 140 langues. C’est l’un des livres les plus traduits au monde. ↩︎

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