Les Institutions politiques de la Sainte Église

Les anciens rois barbares avaient fondé des communautés naturelles depuis l’Antiquité (cités, royautés, confréries guerrières). Parmi eux, le roi Clovis I, sans-doute très impressionné par les puissants évêchés, subit une influence réelle de la part de l’Église. A la suite du premier Très-Chrétien, ces chefs convertis et baptisés, s’employaient à créer des structures politiques et sociales chrétiennes destinées à, d’une part assurer la tranquillité et la prospérité de leurs sujets, d’autre part à leur garantir le salut éternelle par les sacrements et la liturgie. Autrement dit, une mission sur-naturelle surgissait, sous l’action des Évêques. Dans ce cadre, afin de protéger la foi de ses fidèles, jusqu’à leurs vies même, et afin de leur permettre de vaquer à leurs obligations spirituelles, la Sainte Église a donc conçu de grandes institutions politiques et militaires.
 
Les institutions majeures fondées pour faire rayonner la chrétienté sont la monarchie, consacrée par son sacre, et la chevalerie, consacrée par l’adoubement.

Les deux institutions instaurées pour défendre ce même ordre social chrétien sont la croisade avec son vœu (temporaire) de croisade et les ordres militaires réservés aux chevaliers professant un vœu (permanent) de religion. En effet, les chevaliers des premiers ordres militaires étaient des religieux. De là vient, qu’on désigne la chevalerie des ordres militaires aussi par ce terme : « croisade permanente ».

Notez que les principales nations de l’Antiquité possédaient leurs confréries formées de membres qui étaient des soldats consacrés par une cérémonie particulière et liés entre eux par une loi d’honneur.

On connaît ainsi, du Japon féodal, les Samouraïs.

« Le dernier Samouraï », un film d’Edward Zwick (2003)

Il faut absolument avoir vu « Les Sept Samouraïs » d’Akira Kurosawa, chef d’œuvre du cinéma nippon (qui inspirera le western « Les Sept Mercenaires ») et « Le dernier Samouraï » d’Edward Zwick. Les samouraïs obéissaient à un code d’honneur, le bushido qui, sur le plan naturel, se rapprochait de manière très étroite de la conduite morale du chevalier. Cependant, si le templier à la guerre (comme l’assure saint Bernard dans sa « Louange de la Nouvelle Chevalerie ») était assuré de son salut éternel, on ne pouvait hélas pas en dire autant du guerrier japonais shintoïste. De même la Grèce avait ses Spartiates, l’Inde ses Kshatriyas, etc.


Les institutions de Chrétienté perdurent-elles ? Nous avons toujours des royautés sur le globe, mais la majorité est rongée par le virus démocratique.
La croisade semble avoir disparu ; semble… N’oublions pas qu’il y eut des croisades authentiques jusqu’aux années 1600, avec la délivrance de Vienne en 1683 par Jean III Sobieski 1, la victoire navale de Lépante en 1571. Enfin, dans son Message de Noël 1956, lorsque la Hongrie était envahie par les hordes soviétiques, Pie XII révéla qu’il avait songé à la croisade. Je vous prie, à ce sujet, de vous rapporter à mon article sur la Croisade pour en savoir plus.
La plupart des anciens ordres de Chevalerie ont disparu, été sécularisés, substitués par des remises de médailles et de diplômes honorifiques. Ceux qui restent ont changé leur mandat hospitalier en mission humanitaire. D’autres ne sont plus que les anti-chambres de loges maçonniques. Cependant il est tout à fait possible de faire des Chevaliers, avec le même idéal chrétien que jadis, mais avec des formes d’action modernes, adaptés à notre temps. 

  1. L’alcool conserve, certes, jusqu’aux traditions : le nom de ce grand roi de Pologne est devenu une vodka, tandis que la croix du Saint Royaume Latin de Jérusalem est représentée sur une bouteille de tequila, que chante par ailleurs l’artiste texan George Strait, et donc cette très belle chanson country tex-mex que je vous recommande, si vous êtes amateur, ou amatrice, du genre. ↩︎

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