Faut-il aimer la Tradition catholique ? (1)

 
C’est très étrange : on parle de la chute des vocations religieuses, d’incendies d’églises. On rit du Christianisme dans les médias ; le mot « Messe » est employé par les commentateurs sportifs 1. Bref, l’Église n’a pas fini de souffrir sa passion. Et pourtant quelques signes encourageants montrent que le bon peuple de France garde un certain attachement à la foi de ses pères.
Le spectacle – édifiant – du pèlerinage de Chartres à Paris, durant la fête de la Pentecôte, attire les médias et les chalands.

Le dimanche 22 novembre 2025, comme tous les ans à cette période de l’année, les paroisses françaises attachées à la Tradition catholique célébraient, dans les rues, la « Solennité de la Fête-Dieu ».

Les automobilistes, brièvement immobilisés au passage de la procession, ne répondaient pas par un concert de klaxons énervés. Les passants montraient leur bienveillante attention par des salutations amicales : aux charmants enfants endimanchés et jetant des pétales de roses par poignées, suivis des religieuses, puis du clergé encadrant le Très-Saint Sacrement abrité sous son dais. Les autres évènements importants de l’année liturgique (procession de l’Assomption au 15 août, de l’Immaculée Conception au 8 décembre) sont également suivis avec attention par les braves gens de nos villes et de nos villages.
Tous ces épisodes de la vie de l’Église ne sont pas des innovations de prêtres excentriques. Il s’agit bien au contraire d’une « tradition », c’est à dire d’une « transmission » de pratiques en usage depuis les origines du Christianisme. Cependant l’année 1962 a été celle du cataclysme majeur, l’ouverture du concile Vatican II qui inaugurera l’auto-démolition de l’héritage de Saint Pierre. Je vous conseille la lecture du livre essentiel de Don Andrea Mancinella 2 qui traite exactement de cela.
 
Par cette nouvelle rubrique, je voudrais donc vous présenter l’histoire de la Tradition catholique vue au travers de celle de l’Église, de la Révolution conciliaire, enfin de l’œuvre salutaire de Mgr Marcel Lefebvre qui a véritablement été l’opération sauvegarde de la Sainte Église. Ce sera pour vous autant de repères dans cette crise majeure de l’Église. Je me permets de vous renvoyer enfin à la dernière grande partie de ce site, « Reconquête » qui vient en complément de ce qui vous sera expliqué ici. Faut-il aimer la Tradition catholique ? Je réponds sans hésiter par l’affirmative, en vous expliquant pourquoi.

Je ne prétends pas ici faire présenter une étude historique complète de la Sainte Église depuis la prétendue « Renaissance » 3. Mon but est de vous offrir seulement quelques points de repères permettant de comprendre dans quelle mesure la Rome d’aujourd’hui est devenue le « cloaque d’impuretés » annoncé par Notre-Dame à La Salette et comment le salut ne peut s’opérer que par un retour à la Tradition catholique. Si je devais faire une comparaison, parlant de la passion de la Sainte Église, j’évoquerais le taureau de corrida, cerné par le banderillero et le picador, frappé par les banderilles. Nous allons voir ainsi 7 chapitres principaux :
I –       Hors de l’Église point de Salut
II –     L’Apogée de la Chrétienté (XIIème et XIIIème siècle)
III –    L’Âge d’or nommé « Moyen-Âge »
IV –    Première banderille : le Protestantisme
V –      Seconde banderille : la Révolution dite française
VI –    Troisième banderille : Vatican II
VII –  Le salut par la Tradition
Voyons aujourd’hui notre premier chapitre, qui présente les raisons d’être du seul Gouvernement à ne pas avoir été renversé depuis le premier siècle de notre ère 4.

I – Hors de l’Église point de Salut

Basilique Saint-Pierre (Vatican)

C’est tout le sens des missions : l’Église catholique a été fondée par le Christ Jésus en vue d’apporter le salut aux hommes. C’est par le grand moyen des sacrements de l’Église, que les hommes sont normalement en route vers le Ciel, au lieu d’être destinés à l’Enfer, depuis le péché de nos premiers parents, Adam et Eve.

L’Église est le Corps social de Jésus-Christ
 
L’Église, élevée depuis la chaire de Saint Pierre au Vatican, a été administrée et enseignée par les Apôtres et les premiers disciples de Jésus, éveillée à la vie par le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte. Ainsi que l’écrivait magnifiquement Bossuet, « L’Église, c’est Jésus-Christ répandu et communiqué. » Ainsi, l’Église c’est le Corps social du Christ. Voici la belle définition qu’en donnait le pape Pie XII : « Corps mystique du Christ » (encyclique « Mystici Corporis Christi » 29 juin 1943).
Cette définition est comprise et maintenue, défendue contre vents et marées, par les membres traditionalistes de l’Église. Mais ce sens est incompris, nié, combattu par ceux qui, dans l’Épouse du Christ, se comportent en ennemis. Si tant de personnes ont demandé à leurs évêques, hélas, à être rayées des registres paroissiaux, la faute en est d’abord imputable à cette église « occupée » (Jacques Ploncard d’Assac) par la secte moderniste, la rendant absurde et ridicule aux yeux de ce monde qu’elle veut absolument épouser.

De quel « Esprit » parle-t-on ?

Pour les esprits démocrates dits chrétiens, la Sainte Église n’est plus le « Corps mystique du Christ » mais cette vaste assemblée mouvante de chrétiens invertébrés, où la majesté du Prêtre (qui fait descendre Dieu sur l’autel lors de chaque Messe) se dissout. C’est la foule en transe par où passerait d’abord le souffle du Vent, de l’Esprit. L’Église est devenue une sorte de grand ventilateur de l’Esprit. Mais nous ne parlons pas du Saint-Esprit descendu sous la forme d’une colombe sur la tête du Christ lors de son baptême, et sous la forme de langues de feu lors de la Pentecôte des Disciples.

Nous parlons ici d’un esprit, qui n’est pas la Troisième Personne de la Très-Sainte Trinité, vague dans sa définition, qui prétend rassembler toutes les confessions : protestantes, juives, musulmanes, etc. Tous auraient l’Esprit en eux, n’est-ce pas ?
Aussi, l’Esprit qui est tout en tous, présiderait cette vaste assemblée, cette république d’églises qui se donnent des chefs. L’église est ce petit bâtiment paroissial, cette réunion de quartier sans oser le dire aussi clairement, où les enfants ont leur « catéchèse ». L’Église est l’ensemble des fidèles qui adorent le Père en esprit et en vérité.
Il serait mieux de rappeler à tous que c’est la Maison de Dieu, où Dieu lui-même habite dans la réalité du Saint Tabernacle… On a vu des prêtres inviter à prêcher en chaire (ou sans chaires, détruites depuis bien longtemps) des schismatiques grecs dits « orthodoxes », des chamans en coiffes à plumes d’indiens des plaines. On m’a rapporté des histoires de manifestations sataniques, de nos jours et jusque dans les églises ! C’est Goethe qui écrivit : la plus grande ruse du diable est de faire croire à son absence : c’est dans notre société matérialiste, qui ne croit ni à Dieu ni à diable qu’il se manifeste, et de manière beaucoup plus puissante que dans les âges où les peuples savaient que l’ange déchu existait.
 
Je vous le demande : sommes-nous toujours dans la Sainte Église catholique, apostolique et romaine ? Certes pas. L’Église, occupée par la secte moderniste, a transformé le traditionnel gouvernement monarchique de l’Église en une assemblée démocratique qui ne diffuse plus, ni l’Esprit ni le Saint Évangile.


  1. « La Messe est dite… » entend-on souvent, pour évoquer la défaite d’une équipe sportive ↩︎
  2. « 1962 Révolution dans l’Eglise » de Don Andrea Mancinella (Publications du Courrier de Rome – 2007-2008) ↩︎
  3. Le terme de « Renaissance » a été inventé à dessein ; celui de noircir le bilan de la période précédant le « Moyen-Âge » présenté comme obscurantiste. ↩︎
  4. À lui seul, cela prouve la sainteté et l’origine divine de l’Église. ↩︎

Documentation

« Toute notre Religion – Foi catholique, Histoire de l’Église, Vie chrétienne » Éditions de la Contre-Réforme Catholique

Publications similaires