Les vrais-faux Entretiens d’Hector : La Monarchie absolue

Discussion entre Hector de Sainte-Hermine et un autre client, attablés au Café du Commerce. Le style parlé a été conservé.
 
 
Je viens de découvrir par hasard votre site internet, « Lame de France » : je cherchais une marque de couteaux …
 
Ah …
 
Je ne regrette pas d’avoir été mal dirigé.
 
Je vous remercie.
 
Si je comprends bien, vous êtes pour une monarchie de droit divin ?
 
Oui. Comment ne peut-on pas être d’accord avec les paroles prophétiques de saint Remy ? Écoutez : « Apprenez mon fils, que le Royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l’Église romaine qui est la seule véritable Église du Christ. Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes. Il durera jusqu’à la fin des temps. » Saint Remy  enseignait le roi Clovis.
 
Vous seriez donc pour une monarchie absolue ?
 
Oui. A condition de ne pas confondre monarchie absolue et tyrannie. Pas d’amalgame. Le roi est destiné par Dieu à régner. Son autorité ne relève que de Lui et du pape qui est son vicaire. En ce sens, l’autorité royale oui est absolue. « Dieu est Dieu, et le roi est le roi.  » écrit Jean Raspail dans « Sire ».
 
La royauté dont vous rêvez ne sera donc ouverte qu’aux seuls royalistes ?
 
La population ne sera pas très nombreuse, je le crains. (Sourire) Le roi n’est pas le seul souverain des seuls royalistes ni des seuls catholiques. Le roi est un rassembleur. A la veille de monter sur l’échafaud,  Louis XVI demandait à son fils le dauphin, le futur Louis XVII, de ne point chercher à le venger après sa mort.
 
Et pour les non catholiques ?
 
Les confessions religieuses du royaume seront tolérées à condition de reconnaître la primauté de la Religion catholique, laquelle devra redevenir la Religion de l’État.
 
Dites-moi, votre roi sera-t-il assez moderne pour accepter le drapeau tricolore ?
 
Selon vous, être moderne ce serait accepter le drapeau tricolore ? Les troupes tricolores de Louis-Philippe ont enfermé la courageuse Marie-Caroline, la mère du futur comte de Chambord, à la forteresse de Blaye. Le duc d’Enghien a été fusillé par un peloton tricolore… Beaux exemples de modernité, n’est-ce pas ? La tradition royale refuse un tel drapeau ! Les trois couleurs, ainsi disposées sur le drapeau dit national, étaient celles du prince régicide Philippe-Égalité d’Orléans. « Je ne laisserai pas arracher de mes mains l’étendard d’Henri IV, de François Ier et de sainte Jeanne d’Arc ! Il a flotté sur mon berceau. Je veux qu’il ombrage ma tombe. » Ce sont les paroles du comte de Chambord. Il parlait du drapeau blanc. Une raison officieuse motivait son refus : il aurait appris que Louis XVII avait survécu au Temple…
 
Pouvez-vous définir en quelques mots la royauté que vous désirez ?
 
Monarchie héréditaire, traditionnelle, antiparlementaire et décentralisée. Ce n’est pas ma définition, mais celle de Charles Maurras, des Rois Carlistes d’Espagne et des princes régnants de la Famille de France, de Clovis à Louis XVI. 
 
 
Vous avez peur de la république ?
 
J’ai peur de la République, oui, parce que ce régime, depuis 1793 a souvent fait la preuve de son inhumanité. Je dirais ensuite que la République a peur des royalistes. Il est évident que les renseignements généraux savent exactement le nombre de contre-révolutionnaires actifs en France. C’est leur métier de le savoir. Le développement des techniques de télécommunication, aidé par l’essor de l’I.A les y aide prodigieusement. Les policiers du renseignement savent que le nombre de royalistes en France ne doit dépasser la barre des 1 % de la population, soit à peine plus de 600 à 700 personnes fichées. Cependant ces policiers savent très bien que les révolutions, ou les contre-révolutions, sont toujours l’œuvre de minorités.
 
Vous croyez ?
 
Oui. Toujours. Les fameux Compagnons de Jéhu 1 qui firent trembler le Premier Consulat n’étaient que quelques dizaines, idem pour les chouans de Cadoudal qui menaçaient le même Bonaparte. C’est pourquoi la république, même de nos jours, sévit toujours sévèrement contre les partisans de la Contre-Révolution, royaliste ou nationaliste. L’ampleur des moyens déployés est toujours proportionnelle à la crainte inspirée. Il y a trente-six ans de cela, en marge des commémorations officielles du « Bisangtenaire » de la Révolution, une escouade de la brigade anti-criminelle et du service anti-terroriste faisaient une descente aux domiciles de militants royalistes. Un royaliste avait tiré sur François Mitterrand 2 ? Non. Le 6 janvier 1989 une quinzaine de Camelots du Roi (Action-Française) avaient fait irruption au Théâtre des Bouffes du Nord, interrompant le récital révolutionnaire de l’artiste socialiste Hélène Delavault. La presse a écrit que le théâtre avait été « attaqué ». On imagine le pire pour la malheureuse artiste : à la fourchette ? au couteau ? à la cuillère à pot ? 3 Non. Elle a simplement été remaquillée au bleu de méthylène… En réponse à cette innocente blague de potache, puisque le bleu de méthylène n’est pas toxique, seize personnes étaient pourtant arrachées hors de chez elle et placées en garde à vue. Quand on marche sur le pied d’un républicain, celui-ci crie « La République est en danger ! » et trois cars de CRS arrivent. C’est leur manière de faire.
Alors oui, la république me fait peur et, dans le même temps, elle tremble et tremblera tant qu’il y aura des royalistes… 


  1. Certains ont été jugés en 1799 en la Chapelle de la Visitation du Puy-en-Velay transformée en tribunal révolutionnaire. Récemment cette chapelle a été restaurée par la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et rendue au culte catholique. ↩︎
  2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Mitterrand ↩︎
  3. La cuillère à pot est soit cet ancêtre de notre louche moderne destinée au service de la soupe. C’est aussi le nom donné à un ancien sabre d’abordage, muni d’une protection pour la main en forme de coquille, fixé à hauteur de la fusée poignée. ↩︎

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